Et si l’on apprenait autrement ? C’est ce qu’a proposé l’Université Saint Paul: non pas assis en classe, mais en mode école buissonnière sur le terrain, en marchant sur le Chemin de Compostelle. C’est l’expérience unique qu’ont vécue nos étudiant.e.s du cours Pèlerinage d’une vie humaine. Créé et dirigé par Anna-Maria Moubayed, professeure en histoire de l’art, cette formation interdisciplinaire conjugue réflexion intellectuelle, exploration de thèmes philosophiques et théologiques du Moyen Âge, et immersion culturelle.
Pendant plusieurs jours, le groupe a parcouru à pied les paysages grandioses du nord de l’Espagne, de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’à Pampelune, en passant par des villes et villages médiévaux de Sangüesa, Sos del Rey Católico ou encore le site archéologique romain de Santa Criz, le Monastère de Leyre et le château natal de saint François Xavier à Javier. Des conférenciers invités du groupe de recherche « Liens, Créativité et Culture » de l’Institut pour la Culture et la Société de l’Université de Navarre, dirigé par la chercheuse Inés Olza, ainsi que la professeure Anne Trépanier de l’Université Carleton ont assisté Moubayed à éclairer les questions fondamentales du cours : Qu’est-ce qu’un pèlerinage ? Comment peut-on définir le sacré ? Quel sens donne-t-on à la marche et quels sont ses fruits ? Comment l’art, l’architecture et la musique sont à la fois témoins et expressions de la vie humaine ? Quel est la place du narrative dans l’art, l’histoire, le pèlerinage, et la vie de tous et chacun ?
J’ai conçu ce cours, basé sur mes recherches dans la région de Navarre au fils des années, avec comme optique de présenter les différentes facettes de l’art, l’architecture, l’histoire, la musique, la mémoire, les peurs et les espérances de la période médiévale, tout en les transposant sur notre réalité contemporaine. Nous étudions bien trop souvent l’art et l’histoire via des images sur des écrans et des reproductions dans des livres. Voir, expérimenter et manipuler l’art, l’architecture, et les archives in situ devient, surtout aujourd’hui, nécessaire non seulement pour bien les comprendre dans leur contexte, mais aussi pour bien nous comprendre en tant qu’êtres humains, avec toute notre complexité.
Comme l’a écrit Noah, étudiant au Gerald Schwartz School of Business de l’Université Saint-Francis-Xavier, cette expérience a permis de combiner « l’amour du plein air avec [sa] passion pour l’art, l’architecture et les voyages dans une expérience inoubliable ».
Présent lors du premier jour du séminaire, et à l’accueil des participants au dernier jour marchant à Pampelune, le recteur Louis Patrick Leroux a souligné la richesse des échanges et l’engagement des participant.e.s, Il estime que « ce séminaire mené dans l’action, par la marche, a ouvert l’Université Saint-Paul aux routes du monde tout en invitant le monde à découvrir l’offre riche et inattendue de notre université, à la fois humaine, spirituelle et engagée. »
Mais ce pèlerinage n’était pas qu’intellectuel.
Au détour d’un sentier, c’est un rire collectif. Une photo prise sur la ligne invisible entre la France et l’Espagne – les étudiant.e.s posant joyeusement avec un pied dans chaque pays. Une manière symbolique (et ludique) de rappeler que la curiosité transcende les frontières.
C’est là toute la force de ce cours : apprendre en marchant, penser autrement, vivre une transformation intérieure autant qu’universitaire. Un enseignement vivant, incarné, dont les souvenirs – autant que les apprentissages – resteront longtemps gravés.
Le Pèlerinage d’une vie humaine ouvre la salle de classe à la planète entière. Bien qu’il s’agît d’une première initiative, nous réfléchissons à la suite.